Le cycle de la violence
Le processus
Dans une relation conjugale marquée par la violence, le cycle se répète plus ou moins régulièrement et s’accélère avec le temps.
Phase 1 : le climat de tension
Au début, il y a un couple, tout va bien, puis petit à petit, s’installe la tension dans la relation. Sous prétexte que… la salière est mal placée, les enfants le fatiguent, elle a trois minutes de retard, elle démontre trop de plaisir en compagnie de…, surcroît de travail, alcool, stress, chômage, maladie… Le prétexte devient le déclencheur de l’incident : pour éviter une scène, la victime tente par tous moyens d’abaisser la tension de son partenaire. Elle devance et se plie à ses exigences. Elle a peur, est paralysée, tétanisée.
Phase 2 : l’explosion de la violence
L’épisode violent aura lieu, quelle que soit la forme de violence utilisée, l’auteur donne l’impression de perdre le contrôle de lui-même : « il dit qu’il ne peut pas s’en empêcher » La victime se sent démunie, détruite intérieurement.
Phase 3 : les justifications
Le transfert : la crise a eu lieu, l’auteur tente d’en annuler sa responsabilité, le prétexte déclencheur devient l’excuse utilisée pour transférer cette responsabilité à la victime. Si… la salière n’avait pas été mal placée, les enfants ne l’avaient pas fatigué, elle n’avait trois minutes de retard, elle n’avait pas démontré autant de plaisir en compagnie de…, surcroît de travail, alcool, stress, chômage, maladie.., de son côté la victime intériorise cette responsabilité, elle le connaît bien, il n’aime pas qu’elle : s’habille comme ça, travaille, parle avec ses amies… c’est de sa faute, elle en oublie sa colère, pour que cette violence cesse, elle pense que c’est à elle de changer de comportement… La victime endosse la responsabilité de l‘épisode violent, l’auteur reprend très rapidement une vie normale.
Phase 4 : la lune de miel
Après la crise, l’auteur qui craint de perdre sa compagne commence à exprimer des regrets tout en minimisant les faits et justifiant son comportement. Il veut se réconcilier, il demande pardon, supplie de tout recommencer “à zéro”. Il redevient très amoureux, achète des cadeaux, partage les tâches ménagères, l’éducation des enfants, il promet qu’il ne recommencera plus, qu’il se soignera si cela est nécessaire… De son côté la victime espère, pardonne, elle veut y croire, elle redécouvre l’homme qu’elle a aimé.
Plus est forte l’emprise de cette violence sur la victime, plus s’amenuisent les périodes de lune de miel, qui vont peu à peu disparaître. L’auteur n’en a plus besoin pour la retenir, les conséquences sur sa vie, sa santé sont telles qu’elle ne croie pas pouvoir y échapper. Elle a un seuil de tolérance à cette violence qui déstabilise l’entourage.
C’est pendant la période de lune de miel, croyant que tout peut changer, que la victime retire sa plainte, revient au domicile, rompt toute relation avec l’entourage.
C’est également pendant cette période du cycle que, souvent par manque de connaissance du processus de cette violence et de son emprise sur les victimes, les amis, la famille, les voisins, les collègues, les professionnels ne comprennent plus et déçus de l’attitude de la victime se promettent de ne plus intervenir.